16
SEPT. 2022
Cœur sur la ville
Faire passer les questions technologiques et financières au profit des questions citoyennes ! Renverser la notion de « smart city » en plaçant la question des citoyens et de leurs préoccupations quotidiennes au premier plan. Retourner la manière de faire et penser l’urbanisme avec des citoyens concernés et des urbanistes et architectes qui replacent le lien et le commun au centre de toutes les questions du renouveau de la ville. Cela passe notamment par l’écoute, la co-conception et la marge d’évolution de chacun des projets. Ainsi est née l'étude Coeur sur la ville en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et l'Ifop.                                                                                                               
19h-21h
Anciens entrepôts Abitbol - 50 Chemin de la Madrague-ville 13015 Marseille
16SEPT. 2022
19h-21h
Cœur sur la ville
Faire passer les questions technologiques et financières au profit des questions citoyennes ! Renverser la notion de « smart city » en plaçant la question des citoyens et de leurs préoccupations quotidiennes au premier plan. Retourner la manière de faire et penser l’urbanisme avec des citoyens concernés et des urbanistes et architectes qui replacent le lien et le commun au centre de toutes les questions du renouveau de la ville. Cela passe notamment par l’écoute, la co-conception et la marge d’évolution de chacun des projets. Ainsi est née l'étude Coeur sur la ville en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et l'Ifop.
Anciens entrepôts Abitbol - 50 Chemin de la Madrague-ville 13015 Marseille

LES MARSEILLAIS ET LEUR VILLE

Afin d’alimenter les réflexions durant ce festival qui met l’architecture au coeur de la ville, la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop, relayés par le magazine respect, ont mené une étude auprès des Marseillaises et des Marseillais afin de comprendre quels sont les différents imaginaires qui structurent leur vision de la ville d’une façon générale, de leur ville de Marseille en particulier, et de comprendre leur rapport à l’architecture, à l’habitat et à la construction.

Les intervenant-e-s de la table ronde Coeur sur la ville :

Jérémie Peltier,
Directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès
Mathilde Chaboche,
Adjointe au Maire de Marseille – Urbanisme & Développement
Laure Delivré,
Directrice Territoriale Provence Linkcity et Secrétaire de l’association
Sophie Rosso,
Directrice Générale Adjointe Redman
Samira Ferfache,
Responsable de projet habitat intergénerationnel Récipro-cité

L’enquête Coeur sur la ville (extrait)

I. Logements et construction
Commençons par ce qui semble relever du « bon sens » mais qui n’est pourtant pas si intuitif que cela chez un certain nombre de promoteurs immobiliers : quand on leur parle de construction de nouveaux logements, 57 % des Marseillaises et des Marseillais pensent qu’il faut, avant de construire, connaître les nouveaux habitants qui y logeront, contre 39 % qui considèrent qu’il faut construire des logements urgemment avant de savoir à qui ils s’adresseront.
Néanmoins, ne parlez pas trop vite de « construction » aux Marseillaises et aux Marseillais. Car à choisir, ces derniers préfèrent largement rénover ou adapter les bâtiments existants pour répondre aux besoins de logements dans les villes (63 %) plutôt que de démolir les bâtiments existants pour reconstruire du neuf (35 %), preuve s’il en fallait que les Marseillaises et les Marseillais sont attachés à leur ville et à son histoire et qu’il ne s’agit pas de construire une ville nouvelle pour remplacer l’ancienne. Les territoires n’ont évidemment pas le sentiment d’avoir été « logés » à la même enseigne dans l’histoire de cette ville au cours des dernières décennies. Une partie importante des Marseillais semble d’ailleurs en vouloir aux constructeurs ayant bâti et modifié leur ville ces dernières années : 48 % des Marseillaises et des Marseillais trouvent que leur ville n’a pas été construite de façon intelligente.

L’élément original de cette enquête est le rapport des Marseillaises et des Marseillais à l’architecture. Qu’entendent-ils quand on leur parle d’architecture ? Quels sont les mots associés à l’architecture qui leur viennent spontanément à l’esprit ? D’abord, et c’est ce qui est intéressant, ils associent avant tout l’architecture à de la construction (pour 52 % d’entre eux), à l’art de construire des choses, avant de penser à des lieux (19 %) comme le Mucem (4%) ou Notre-Dame-de-la-Garde (5 %) par exemple. Viennent ensuite des notions liées à l’histoire et à la temporalité, à l’esthétique, à la beauté et au style.

Cela montre à quel point l’architecture est méconnue, pas suffisamment enseignée et transmise. Au lieu d’y voir une matière culturelle capable d’inventer des modes d’habiter, d’améliorer et d’embellir la vie, et bien sûr la ville, elle n’est seulement perçue que comme une discipline technique et donc comme quasiment inutile.

II. Manières de vivre
Comment aiment vivre les Marseillais ? C’est également l’un des enseignements intéressants de cette enquête, dans laquelle les habitants ont dû répondre à des questions peu posées la plupart du temps.

D’abord, quand on leur demande dans quel habitat ils préfèrent vivre s’ils en ont le choix, 67% préfèrent habiter en hauteur pour voir l’horizon plutôt que d’habiter en bas à l’ombre des arbres (32 %), signe que le fait d’avoir « une vue » est fondamental à l’ère des rooftops et autres bars sur les toits terrasses (pas surprenant donc que 75 % des 18-24 ans interrogés plébiscitent d’ailleurs le fait de vivre en hauteur). Cet enseignement devrait contraindre les pouvoirs publics à aménager de vrais espaces publics et pas des résidences qui tournent autour d’espaces verts lesquels ne sont souvent pas très spacieux et pas bien verts. La question des transports publics est également soulevée montrant que le seul moyen est de trouver des modes de transports doux encore plus efficaces et de construire encore et encore des parkings relais pour interdire la voiture en centre-ville.

Dans les éléments qui mériteraient selon eux d’être améliorés, il y a la question des animaux de compagnie. Rappelons que pendant le confinement les dauphins sont retournés dans la lagune de Venise, les pingouins, les cerfs, les singes, les wallabies sont retournés en ville. Les guépards trouvaient les lodges africains très confortables et ont même recommencé à chasser la nuit. On devrait se poser la question de savoir pourquoi les seuls animaux sauvages capables de vivre à nos côtés en ville, sont les cafards, les rats et les pigeons.

III. Marseille et eux
La question de la beauté est trop rarement posée par les responsables politiques. Elle est pourtant un axe majeur pour le bien-être et la sérénité des habitants. S’agissant des Marseillaises et des Marseillais, un fort consensus se dégage quant à la beauté de leur territoire : 77 % des Marseillais trouvent que leur ville est belle (et même 89 % des habitants du 7ème arrondissement, qui comporte notamment les très prisés quartiers Saint-Victor et du Roucas-Blanc) et 73 % trouvent que leur quartier est beau, preuves s’il en fallait que le « beau » ne doit jamais sortir de l’esprit de celles et ceux qui « font » la ville.

Preuve en est que les architectes doivent bien être les guerriers de la beauté !

 

Retrouvez ici l’étude complète de la Fondation Jean-Jaurès-Ifop ! 

Ainsi que COEUR SUR LA VILLE en vidéo dans le film de Marie Poitevin et sur l’Architecture Euphorique n°01.

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